Les formations en Digital Humanities en Suisse

Enrico Natale, infoclio.ch

Dans son livre «Digital Past» paru en 2011, Peter Haber constatait: «In der Regel verlieren Historiker über die Art und Weise, wie sie im Archiv arbeiten, kaum ein Wort»1. Il faisait ainsi référence à l’ambivalence des historiens vis-à-vis de leurs méthodes de recherche. L’historienne, Elisabeth Eisenstein faisait déjà un constat similaire  dans les années 1960: «Distracted by the necessity of mastering large litterature devoted to tangential issues, historians have yet to come to terms with the very real problems inherent in the communication system they use.»2

La généralisation des outils de communication numérique dans le travail des historiens et des chercheurs en sciences humaines en général a contribué à exacerber cette situation. Aujourd’hui, les implications méthodologiques de l’utilisation des nouveaux médias dans la recherche sont encore rarement explicitées et souvent mal comprises. 

Pour remédier à cet état de fait, une politique de formation aux outils numériques des nouvelles générations de chercheurs en science humaine est nécessaire. L’offre de formation des universités et des hautes écoles suisses dans le domaine est encore limitée, mais se développe rapidement depuis quelques années. 

A l'occasion du colloque Digital Humanities SAGW 2013 (http://dh13.sagw.ch/), infoclio.ch (www.infoclio.ch) a réalisé une enquête en ligne sur l'offre éducative en Suisse dans le domaine des Digital Humanities. A la lumière de ces premiers résultats, il est possible de distinguer certaines tendances actuelles de l’offre de formation dans le domaine des Digital Humanities en Suisse. 

En ce qui concerne les cursus de Bachelor et de Master, deux types de formations sont disponibles en Suisse. D’une part les cursus d’étude dans le domaine de la linguistique assistée par ordinateur, proposés par les universités de Genève (http://www.unige.ch/lettres/linguistique/Enseignement/Informatique.html), Lausanne (http://www.unil.ch/sli/page92243.html#1) et Zürich (http://www.cl.uzh.ch/studies/bachelor-master.html); d’autre part, les formations dans le domaine de la documentation et de l’archivistique, proposés par les Hautes Ecoles de Genève (http://www.hesge.ch/heg/formation-base/bachelors-science/specialiste-informationdocumentaire/plan-modulaire/) ou de Chur (http://www.htwchur.ch/informationswissenschaft/bachelor-studium/), de même que par certaines universités (www.archivwissenschaft.ch). L’université de Berne propose également un Master en Editionsphilologie (http://www.ccs.unibe.ch/content/programme/ieditionsphilologie_i/index_ger.html), une offre unique en Suisse qui mérite d’être mentionnée. 

Par ailleurs, trois centres de recherche dédiés spécialement aux Digital Humanities sont apparus récemment en Suisse: Digital Humanities Lab, EPFL (http://dhlab.epfl.ch/); LADHUL Université de Lausanne (http://unil.ch/ladhul); DH Lab, Université de Bâle (http://www.dhlab.unibas.ch/). Ces nouvelles institutions gèrent des projets de recherche et accueillent des doctorants, contribuant ainsi à former une nouvelle génération de chercheurs maîtrisant les techniques numériques pour la recherche. Tous trois sont également associées à la Digital Humanities Summer School Switzerland (www.dhsummerschool.ch), coordonnée par infoclio.ch.

Pour le reste, divers cours sur les médias numériques pour les sciences humaines sont dispensés par les universités, les hautes écoles et les institutions de recherche en Suisse, sans être pour autant faire l’objet d’un cursus d’étude spécifique. Toutes les formations recensées lors de l’enquête menée en 2013 sont réunies dans une brochure (http://www.infoclio.ch/sites/default/files/standard_page/final_liste_brochure131204.pdf) qui est librement disponible en ligne (http://www.infoclio.ch/fr/node/130355). 


1 Haber, Peter: Digital Past. Geschichtswissenschaften im digitalen Zeitalter, München 2011, S. 80.
Eisenstein, Elizabeth: Clio and Chronos, in: History and Theory 5, 1966, S. 61.

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